Si l’on veut que les cartons Montessori soient utiles pour les élèves en grande difficulté, il semble préférable qu’ils soient d’abord utilisés en classe entière (surtout en CP, CE1 et même en CE2). C’est d’ailleurs souvent très positif pour la classe qui n’est pas habituée à « parler les nombres ».
Ensuite l’outil sera à disposition de tous, en fonction des besoins. Peu à peu, le nombre d’élèves utilisant l’outil diminuera naturellement.
Cela permettra à l’élève (même s’il est finalement le seul) d’utiliser l’outil dans le cadre ordinaire de la classe. On évite ainsi de le déconnecter de la classe, de l’isoler ou de le stigmatiser tout en gardant un regard positif sur sa progression : « Bientôt tu n’en auras plus besoin ».
Voici quelques idées pour préparer votre séance introductive à l’outil
(en partie tirée de documents de l’Université virtuelle Paris V)
1. De l’écrit à l’oral :
L’enseignant écrit un nombre au tableau, sans le prononcer. Les élèves doivent le composer avec les cartons Montessori puis le lire.
Le plus facile c’est de commencer par les nombres 111, 222, 333 pour éviter une mauvaise utilisation du matériel (pour faire 362 on peut juxtaposer les cartes 3, 6 et 2). N’hésitez surtout pas à réexpliquer la règle d’utilisation.
Une fois le principe compris, les élèves travailleront avec d’autres nombres. L’utilité des cartons est de rendre visible/concrète la décomposition : « 362 = le carton 300 + le carton 60 + le carton 2 » puis de faciliter la lecture des nombres.
2. De l’oral à l’écrit :
L’enseignant dit un nombre et les élèves l’écrivent avec les cartons Montessori. L’enseignant vérifie d’abord que le principe est compris (cartons superposés et non juxtaposés) avec des nombres simples (54, 26, 67) puis passe aux centaines avant d’aborder les pièges de la langue française.
→ de 11 à 16 : Les élèves n’ont pas le choix, ils doivent connaître ces nombres. La manipulation sera un temps pour découvrir et redécouvrir la décomposition qui, contrairement à ce qu’on pourrait croire ne va pas toujours de soi pour les élèves.
« Comment tu as fait pour faire seize ? »
« Ben j’ai pris le dix et le six mais c’est bizarre de dire seize, on pourrait pas dire dix-six, comme vingt-six ? Ah maître, vingt-six c’est vingt et encore six ? »
→ de 70 à 79 : Avec ces nombres, on se retrouve forcément dans une drôle de situation avec les élèves. Pour soixante-dix, certains vont prendre le carton de 60 et le 10. Seule la règle des cartons (superposition et alignement à droite) pourra invalider ce choix. Mais c’est l’occasion de voir en soixante-dix 60 + 10, et même d’expliquer qu’ils se cumulent (6+1 faisant 7) et que cela s’écrit 70.
Le problème se reposera avec encore plus de complexité pour les nombres entre 71 et 76.
→ de 80 à 99 : Ah ! Comment compliquer la vie de nos élèves fragiles ? Quatre-vingts ! Alors là c’est dur dur avec les cartons mais c’est très intéressant parce que le quatre est multiplicatif. C’est donc comme si on prenait quatre cartons de 20 qui se cumuleraient : 20 + 20 + 20 + 20 = 80.
C’est une occasion rêvée de parler de cette difficulté, de mettre des mots dessus « Maîtresse, lui on aurait pu dire huitante ».
Imaginez maintenant le bazar avec quatre-vingt-seize !
Bon courage dans la classe ! N’hésitez pas à contribuer à cet article en faisant un retour après utilisation ou en proposant d’autres entrées.
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