« C’est quoi » les cartons Montessori ?

Les cartons Montessori, c’est un peu une interface oral/écrit pour les nombres. Globalement, ils permettent d’aider « l’encodage » des nombres en mettant à jour les caractéristiques de la transition oral/écrit. Ils permettent aussi de mieux « parler les nombres » et de donner du sens aux décompositions.

Comment ça marche ?

Les élèves disposent des cartes suivantes : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 20, 30, 40, 50, 60, 70, 80, 90, 100, 200, 300, 400, 500, 600, 700, 800, 900. à l’aide de ces cartes, ils doivent composer des nombres en respectant une règle simple : les bords droits des cartons doivent être superposés (le bord est marqué d’une double ligne rouge pour être repéré plus facilement).

Pour quelles difficultés ?

Dans les activités de la classe, les cartons peuvent être utilisés avec bénéfice pour différentes activités : dictée de nombres, lecture des nombres, aide aux décompositions… ils aideront particulièrement :

→ Les élèves qui écrivent ce qu’ils entendent : trois cent soixante-deux = 300602
Ces élèves ont du mal pour passer de la version additive du langage à la version de position de l’écrit. Les cartons permettent d’aider à cette transition. Même en prenant ce qu’ils entendent de manière successive : 300, 60 et 2, ils ne pourront pas se tromper dans l’écriture car la superposition des cartons, grâce au repère d’alignement (qui n’existe pas dans la version originale) va les aider.
Montessori exemple→ Les élèves qui ont du mal à percevoir la valeur des chiffres.
Avec les cartons, on rend bien visible que dans 362, le 3 n’est pas un 3, c’est 300 ou 3 paquets de 100.
Pour accompagner cet outil, j’utilise un dérivé des travaux de Stella Baruk en disant que le 3 et le 6 mentent, ils ne sont pas 3 et 6 mais 300 et 60 ou 3 groupes de 100 et 6 groupes de 10.

→ Les élèves qui ont du mal avec les nombres > 69
Soixante-dix = 6010 ; quatre-vingts = 420 ; quatre-vingt-dix-sept = 420107, 42017, 80107 ou 817…
Dans ces situations, l’utilisation des cartons aidera à corriger les formes écrites erronées (grâce notamment à la règle de superposition) et ouvrira des débats très intéressants avec les élèves : « Pourquoi on dit soixante-dix et pas cinquante-dix », « Maîtresse, c’est un peu bizarre quatre-vingts quand même non ? »…

Comment utiliser les cartons Montessori en classe  ?

Si l’on veut que les cartons Montessori soient utiles pour les élèves en grande difficulté, il semble préférable qu’ils soient d’abord utilisés en classe entière (surtout en CP, CE1 et même en CE2). C’est d’ailleurs souvent très positif pour la classe qui n’est pas habituée à « parler les nombres ».
Ensuite l’outil sera à disposition de tous, en fonction des besoins. Peu à peu, le nombre d’élèves utilisant l’outil diminuera naturellement.
Cela permettra à l’élève (même s’il est finalement le seul) d’utiliser l’outil dans le cadre ordinaire de la classe. On évite ainsi de le déconnecter de la classe, de l’isoler ou de le stigmatiser tout en gardant un regard positif sur sa progression : « Bientôt tu n’en auras plus besoin ».

Des idées concrètes pour l’utilisation en classe, avec des exemples d’activités, sont à votre disposition dans l’article : Séance – Les cartons Montessori

Précautions

→ Je n’utilise (surtout) pas les couleurs parce que pour certains élèves, la couleur risque de remplacer la position. Ce n’est pas parce qu’il est vert que le 6 de 632 vaut 600 mais bien parce qu’il est placé au 3e rang.

→ J’ai mis les cartons avec les 1000 mais je suis sceptique sur l’utilisation. Je pense qu’on doit aborder la classe des mille comme la classe des unités simples. Ne travailler qu’avec les unités de mille risque, à mon sens, de tromper les élèves les plus fragiles en faisant croire que c’est un 4e rang. J’attends vos retour là dessus.

→ J’accompagne les séances en m’inspirant beaucoup du travail de Stella Baruk qui « parle très bien les nombres ». Cela me semble indispensable pour que l’outil permette de comprendre et pas simplement de « faire juste ». Son livre est super éclairant et pratique pour la classe.

Les documents

Voici les documents : le premier est l’outil pour l’élève (à imprimer, plastifier et découper), le second est l’outil agrandi, pour l’enseignant.

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