L’heure est aux commandes, du coup j’en profite pour partager mes soucis « seyessiens ».

Cette année, je travaille avec des élèves en difficulté avec le geste graphique dont des enfants dyspraxiques. J’ai aussi eu l’occasion de faire la connaissance d’un élève avec une déficience visuelle et d’un élève daltonien. Leur point commun est d’être mis en difficulté par la réglure Seyes standard. Alors, avec les enseignant.e.s des classes, on essaie, on tâtonne pour trouver une réglure plus adaptée. (Bon ok, on en profite aussi parfois pour frimer devant les non initiés : « Ouais non, moi le SEYES tu sais, c’est pas trop mon truc », mais ça ne marche jamais, c’est visiblement pas swag le seyes…)

Si un changement de réglure ne fait pas directement progresser les élèves, il peut au moins permettre de contourner un obstacle. Un peu à la manière d’une bonne différenciation, adapter la réglure aux difficultés des élèves est pour nous une manière de « déparasiter » la tâche, tout en gardant de la complexité. Quand le passage à l’écrit est plus facile, les élèves sont plus disponibles pour apprendre. Plus disponibles et plus actifs aussi. Sans cet obstacle, il est plus facile pour eux de se lancer, de montrer ce qu’ils savent, de s’entrainer, de gagner en expérience, de revenir sur leur travail et donc de progresser. Attention, il est évident que cette adaptation ne se substitue en aucun cas aux soins adaptés (psycho-motricité, orthoptie, ergothérapie…). C’est juste un moyen de contourner la difficulté et d’éviter qu’un trouble visuel ne vienne pénaliser les apprentissages.

Quelles réglures ? Pour qui ? Comment les trouver ? Voici quelques idées.

Les élèves qui apprennent à écrire

Les enseignant.e.s de GS et de CP sont surement plus calé.e.s que moi sur le sujet, c’est d’ailleurs dans une classe de CP (merci Anne-Laure) que j’ai fait la connaissance de la réglure Gurvan qui est vraiment pas mal pour commencer. C’est une sorte de lignage traditionnel adapté.
Les lettres se posent sur la ligne noire, montent et/ou descendent dans la zone gris clair. Grâce à un espace plus important entre les lignes, les lettres descendantes et montantes ne se touchent jamais d’une ligne à l’autre.

Si cela vous intéresse, les éditions mdi proposent une collection de cahiers d’écriture conçus avec la graphopédagogue qui a mis au point cette réglure. Plusieurs « épaisseurs » de lignes sont disponibles (3 mm, 2,5 mm ou 2 mm) et il y a même des petits conseils pour bien écrire.
On appréciera l’effort d’avoir pensé autant aux gauchers qu’aux droitiers !

Et pour la petite histoire, Gurvan, c’est le prénom d’un élève dyspraxique et dysgraphique pour lequel la réglure a été inventée !

Les élèves en difficulté avec le geste graphique (dont les enfants dyspraxiques)

Pour commencer, la solution la plus facile est d’essayer différentes tailles de réglures. Le plus souvent, on arrive à trouver de la réglure Seyes 2,5 mm ou 3 mm dans les catalogues de matériel scolaire. On peut imaginer partir de la réglure la plus large puis d’adapter en fonction des progrès.
Si vous n’avez pas de stock de cahiers, vous pouvez toujours générer vos réglures via Desmoulin.fr (et modifier la taille du quadrillage).

Une deuxième possibilité est d’utiliser des réglures spécifiques, élaborées pour les élèves dyspraxiques mais utilisables par tous (l’idée est de répondre aux difficultés, pas à un diagnostic). Attention, la réglure ne fait pas tout, il faut aussi véritablement penser à réduire la quantité d’écrit (et parfois envisager l’outil numérique).
La réglure souvent proposée pour aider les enfants à se repérer est une réglure avec des lignes de quatre couleurs différentes (bleu, rouge, vert, marron). Les lettres « posent les pieds » sur la ligne marron/ »la terre » et vont, soit jusqu’à la ligne verte/ « l’herbe » (d, t), soit jusqu’à la ligne bleue/ »le ciel » (b, f, h, k, l). Certaines lettres (g, j, p, q, z) traversent la ligne marron/ »la terre » pour aller jusqu’à la ligne rouge/ »le feu rouge ». Du coup la ligne verte devient « le feu vert », point de départ et la ligne rouge/ »le feu rouge », l’arrivée.

Vous trouverez chez desmoulins.fr un générateur gratuit et chez Serpodile, une gamme complète de cahiers lignés avec cette réglure (mais aussi des copies simples).

Le cartable fantastique propose une version visuellement épurée de cette réglure parce qu’il est possible d’être gêné.e par la présence des 4 couleurs.

Franchement, si vous cherchez des idées ou des outils pour adapter la classe pour un.e élève dyspraxique, allez faire un tour dans le cartable fantastique. C’est la ressource de référence sur la dyspraxie, avec notamment cet article sur les 16 principes pour adapter et toute une liste d’adaptations concrètes.

La réglure Gurvan, évoquée au début de l’article, peut aussi répondre aux besoins des élèves « dys », n’hésitez pas à l’essayer !

Les élèves avec des difficultés visuelles

Pour les élèves avec une déficience visuelle, j’ai eu la bonne surprise de voir qu’il existe désormais des cahiers spécifiques et qu’ils sont même dans la plupart des catalogues de fournitures scolaires ! C’est simple mais efficace, Seyes plus gros, noir (pour augmenter le contraste).

Si la date des commandes est passée vous pouvez aller faire un tour par là :

Pour les élèves daltoniens, c’est compliqué aussi parce que les problèmes de perception sont multiples. Mon élève a choisi de travailler avec un cahier pour déficients visuels. Le noir avec fort contraste lui va super bien, même s’il a un peu de mal à distinguer les lignes des interlignes.
L’autre solution est d’utiliser le générateur de réglures de Desmoulin.fr et faire varier les couleurs en fonction de la perception de l’élève. On peut aussi renforcer la marge ou les lignes, il y a assez d’options pour trouver son bonheur. Voilà un exemple au hasard avec les lignes renforcées.

Un grand merci aux différents blogs qui ont aiguillé mes recherches : SOS Écriture, Le cartable fantastique et Lutin Bazar.

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